Circonscription de PARIS (région sud). M. Charles Picard, Directeur

Cher

Bourges (Avaricum, Bituriges). — a) Sous- sol gallo-romain. Reprenant l'exploration du sous-sol gallo-romain de Bourges qui s'est révélée déjà très importante1, j'ai pu examiner de près, en compagnie de M. J. Favière, directeur des musées de Bourges, différents quartiers souterrains de la cité antique, conservés plus ou moins à une assez grande profondeur sous le niveau actuel de la ville. En septembre- octobre 1959, ont été reconnus deux emplacements peuplés d'abondants vestiges antiques, certains encore en place. Un rapport du 24 mai 1960 a signalé à la Direction générale de l'Architecture ces présences, en demandant un classement et un inventaire, qui a pu être confié à M. l'Architecte des Bâtiments de France, Robert Gauchery, bon connaisseur des antiquités locales. L'urgence du travail a été soulignée (fig. 1).

On était descendu, d'abord, à une quinzaine de mètres, sous les caves du domicile actuel de M. l'Archiprêtre, près de la Cathédrale — jadis emplacement de la maison du sénateur Leocadius. Il y a là, en vrac, les restes accumulés d'un grand temple romain, d'époque anto- nine, semble-t-il, comportant des colonnes doriques d'assez fort calibre, cannelées, des fragments divers de stylobates et d'une krépis ; d'importantes parties d'un entablement sculpté architraves, frises, corniches. Un dessin reconstitutif coté de ces vestiges, s'il était établi sur place, permettrait d'aboutir à une reconstitution (élévation) au moins partielle. Il n'est pas question, actuellement, d'amener ces vestiges au jour ; utilisés par encastrement en partie dans la muraille du Bas-Empire, à demi- engagés encore parfois, ils feraient craindre

le risque d'accidents graves, en raison de la profondeur du gisement et du poids des blocs. Sous la rue d'Auron, d'autre part, ont été reconnus, à nouveau, les « crypto-portiques » dont il avait été fait mention, en 1863, par un savant local2. Nous avons pu vérifier leur conservation, en partie satisfaisante, à un niveau profond qui correspond à celui des vestiges du temple proche de la cathédrale. Là aussi, un classement et un inventaire, avec dessins cotés, s'imposent, de façon urgente. Il n'y a pas eu jusqu'ici trop d'accidents et de déprédations ; mais avec le temps qui passe, l'avenir reste incertain. C'est en explorant les caves du Palais du Duc Jean de Berry, que Dumoutet,membre de la Commission historique, du Cher, aperçut et signala utilement, le premier, divers restes de la fortification « de César3 » ; il a mentionné aussi (p. 105-122, pi. I-II : ici fig. 2-3) ce qu'il a considéré ccmme des « crypto-portiques ». Une reprise de l'exploration souterraine doit apporter des révélations sur l'urbanisme et l'histoire d'une de nos grandes cités gallo-romaines ; elle possédait des monuments d'art soignés (cf. Gallia, XVII, 2, 1959, p. 293 sqq. : restes d'une grande tholos historiée). Au niveau le plus bas des « crypto-portiques » existe encore en place une belle aire dallée avec, en un point, les vestiges monumentaux d'une grande fontaine publique, décorée de bases, et apte à faire penser qu'il y a eu là peut-être, au voisinage, un forum, ou un macellum, dont la périphérie pourrait être